Photo de Suzanne Chami

Lors d’une interview pour la Fondation Entreprendre, Suzanne Chami, Déléguée générale de l’Institut IDEAS, est revenue sur le rôle clé des associations et des fondations en période de crise et conclut positivement que « le secteur associatif joue pleinement son rôle dans notre économie, ayons confiance dans sa capacité à répondre aux enjeux de notre société ».

Dans un contexte marqué par l’incertitude, l’Observatoire du Don en Confiance a révélé une baisse généralisée de la confiance, qui atteint les associations et fondations. Ce constat illustre le décalage entre la forte mobilisation du secteur associatif pendant la crise sanitaire et la perception de celle-ci par les Français. De plus, l’étude COVID-19 de l’Admical indique que 95% entreprises interrogées se sont largement mobilisées.  Le budget mécénat a également augmenté de 31% pour faire face à l’urgence.

Quel est votre regard sur ce décalage ?

Le titre du sondage effectué pour l’Observatoire du Don en Confiance, le dit clairement : « la France traverse une crise de défiance » et le constat c’est que cette crise n’épargne pas les associations. Ce résultat doit nous alerter bien sûr mais on peut aussi mettre ce sondage au regard de la formidable mobilisation constatée pendant le confinement : les Français ont largement répondu présents lors des appels à bénévoles et des appels à dons ciblés sur les causes en lien avec la crise sanitaire.

On peut donc distinguer la confiance de la capacité d’engagement. Le citoyen a démontré qu’il croit encore au projet collectif et qu’il souhaite y prendre part, soit au travers du bénévolat, soit au travers du don financier. Il revient donc aux associations de capitaliser sur cette solidarité active, pour entretenir et accroitre le lien de confiance, toujours fragile. La publication récente du Baromètre du mécénat de compétences montre une accélération de l’engagement citoyen en 2020, autre signe encourageant, qui doit nous rassurer. Le budget total du monde associatif représente 113,3 milliards d’euros, soit 3,3% du PIB, selon la dernière enquête de Viviane Tchernonog et Lionel Prouteau. Il tient une place importante dans notre économie !

L’enjeu aujourd’hui est de renvoyer une image forte et positive sur les acteurs de la solidarité, parce qu’ils irriguent notre société du berceau à la fin de notre vie ! N’oublions pas que 50% des crèches, 10% de nos hôpitaux, 90% des structures accueillant les enfants porteurs de handicaps, 90% des établissements culturels, et les ¾ des structures dédiées au seniors sont gérées par des associations.… Or on sait combien le travail sur l’image est long, incertain, et demande des moyens dont ne dispose pas le secteur associatif.

Car les associations sont confrontées à une double injonction contradictoire : toujours mieux répondre aux besoins sociétaux qui ne cessent d’augmenter alors que les moyens financiers sont toujours plus difficiles à trouver et que le niveau d’exigence des donateurs est toujours plus fort !

Le Label IDEAS est un véritable tiers de confiance pour les donateurs et mécènes.

En quoi ce travail de labélisation est-il essentiel ?

La labellisation proposée par IDEAS est spécifique à bien des égards, et notamment, car elle intervient au terme d’un processus long et exigeant d’accompagnement à la montée en compétences de l’organisation.

Le travail de labellisation est essentiel car il engage l’organisme candidat dans une démarche d’amélioration continue, grâce au Guide des Bonnes Pratiques IDEAS qui en fixe le cadre et le cap, et grâce à l’accompagnement des conseillers bénévoles, dans la durée. En effet, une mission de labellisation dure en moyenne 18 mois et se poursuit pendant les 3 ans que dure le Label IDEAS. La Fondation Entreprendre a d’ailleurs obtenu, pour la deuxième fois consécutive, le renouvèlement de son label en décembre dernier.

Par ailleurs, pour jouer pleinement son rôle de tiers de confiance, le Label IDEAS s’appuie sur des missions de contrôles réalisées par des professionnels indépendants.

Le Label IDEAS est donc la marque d’une organisation fiable, en mouvement, qui s’interroge et sollicite un regard externe pour s’adapter toujours mieux à l’évolution des enjeux sociaux. La vocation première du Label IDEAS est de donner à voir la qualité et le professionnalisme des associations, des fondations et des fonds de dotation.

Il s’agit de faire entendre un message positif sur les associations, les fondations, qui placent l’exigence au cœur de leur engagement solidaire, pour apporter les meilleures réponses aux besoins sociétaux.

 

Enfin, quels messages souhaiteriez-vous adresser en cette période difficile liée à la crise COVID-19 ?

La crise Covid-A9 a révélé la grande vulnérabilité de notre économie. On l’entend et on le constate tous les jours un peu plus, elle creuse terriblement les inégalités sociales. Parallèlement, nous (re)découvrons aussi la capacité de réponse et d’innovation des acteurs de la solidarité, en première ligne pour faire face aux besoins toujours plus criants. Soulignons que le tissu associatif est le premier lieu de recréation du lien social pour lutter contre les inégalités, la précarité…

Au travers des nombreuses initiatives associatives, nous voyons émerger, se consolider, de nouvelles façons d’agir, de nouvelles dynamiques de coopération, inter-acteurs, qui mettent l’entraide et l’intelligence collective au cœur de leurs modèles. Cette aptitude à « faire ensemble » est essentielle pour permettre la résilience de notre société et de ses citoyens qui aspirent à une nouvelle hiérarchie des valeurs, sociale et environnementale avant tout.

L’enjeu est donc de soutenir, d’encourager ces initiatives chacun dans son rôle : pouvoirs publics, entreprises, mécènes, citoyens, pour répondre à cette aspiration à une société plus juste, refondée sur la solidarité. C’est bien le rôle d’une fondation telle que la Fondation Entreprendre et de l’institut IDEAS qui ont en partage cet objectif commun : servir l’intérêt général !